Après un premier tome primé à St Malo et à Angoulême, Blanchin et Perrissin reviennent avec la suite tant attendue de la biographie de celle que l'on appelait Calamity Jane.
Nous avions laissé Martha Jane Canary au printemps de 1869, après l¹attaque des indiens à Goose Creek, là où le capitaine Egon la baptisa « Calamity Jane ».
À la fin de l'hiver 1874, Martha Jane vit dans un ranch à la lisière des Badlands. Sa fille Janey, née en septembre 1873, a quelques semaines quand elles échouent ici. Martha Jane ne se montre pas vraiment une très bonne mère, laissant la femme du fermier s¹occuper de sa fille tandis qu¹elle s¹occupe des travaux de la ferme. Elle finit par avouer qui est le père de l¹enfant, le célèbre Wild Bill HickokŠ
Née le 1er mai 1852 dans le Missouri, Martha Jane Cannary est l’aînée d’une famille de six enfants. Ses parents, de pauvres agriculteurs décident de tout abandonner pour aller vers l’Ouest, à Salt Lake City, où vit la plus grande communauté mormone. Elle a 15 ans quand ses parents meurent. Élevant seule sa fratrie, elle se retrouve contrainte de les abandonner pour ne pas avoir à se marier avec un homme qui la convoite.
Sa vie aventureuse commence. Un peu partout sur les territoires des Wyoming, Dakota et Montana, on repérera le passage de cette extravagante jeune femme, cocher de diligence un jour, serveuse de saloon le lendemain, cow-girl, sage-femme, poseur de rails… mille petits boulots qui contribueront à lui tailler une réputation sulfureuse dans un Ouest à la fois sauvage et puritain et qui lui vaudront son surnom.
Ayant perdu son emploi au Pony Express en 1877, Martha reprend une vie d’errance et de petits boulots (cuisinière dans des ranchs, infirmière, lingère...). Au fur et à mesure des rencontres, généralement bien arrosées, n’hésitant pas à jouer du poing ou du fusil, elle forge sa propre légende qui sera bientôt amplifiée par la parution d’un article d’Horacio Maguire sur les exploits de celle que l’on surnomme Calamity Jane. Femme libre, alcoolique, rebelle, volontaire, elle refuse de participer au cirque ambulant de Buffalo Bill, mais participera quelques années plus tard au Wild West Show.
Elle entreprend l’écriture des lettres à sa fille en 1879, ce qui permettra des années plus tard au grand public de découvrir une Calamity Jane plus intime.
C’est cependant une tout autre femme que nous font découvrir aujourd’hui les auteurs de Martha Jane Cannary...
« Matthieu Blanchin raconte ses souvenirs d’enfance. Le Val des ânes remet sur la table ces moments inoubliables qu’on a tous vécus, qui nous semblaient éternels, ces minces tranches de vie dont on se fait tout un gâteau quand on est marmot. Avec cet album, on en revit des miettes, et c’est bien agréable. »
Le Psikopat
« Aujourd’hui, Mathieu Blanchin est plutôt gentil garçon, mais ce fut un gosse exécrable. Même s’il n’a plus rien à craindre des animaux de la ferme : poules, dindons ou vaches que lui et ses frères ont martyrisés, il faut souhaiter que les habitants du village de son enfance tombent le plus tard possible sur ce livre. En se plongeant dans le Val des Ânes, on retrouve l’insouciance et la cruauté du monde enfantin, qui prend toute sa dimension dans un milieu rural bourré de bêtises en suspend. De la vitre brisée au lance-pierre à la découverte de la différence des sexes. »
Fnac.com
« - Dans quel état m’avez-vous trouvé quand je suis arrivé aux urgences la nuit de mon opération ?! - Hrm ?! Vous voulez savoir ça aussi ?!
Habituellement on n’opère pas un MORT … »
Jeanne va avoir 2 ans. Matthieu Blanchin est heureux de fêter l’anniversaire de sa fille mais il est en proie à de violents maux de tête, vomissements et aveuglement qui le conduisent à l’hôpital. C’est une tumeur au cerveau. Il faut l’opérer dans l’urgence. Matthieu Blanchin tombe dans le coma.
Trépané, il a eu besoin de raconter son passage dans la mort, son coma et l’existence qui s’en est suivie.
Parce qu’un médecin lui a conseillé d’écrire ses souvenirs hors du commun, Blanchin signe ici un récit dessiné autobiographique étonnant : un témoignage singulier de cette parenthèse de vie qui, pendant longtemps, l’a rendu incapable du moindre dessin.
Née le 1er mai 1852 dans le Missouri, elle est l’aînée d’une famille de six enfants. Ses parents, de pauvres agriculteurs décident de tout abandonner pour aller vers l’Ouest, à Salt Lake City, où vit la plus grande communauté mormone. Elle a 15 ans quand ses parents meurent. Élevant seule sa fratrie, elle se retrouve contrainte de les abandonner pour ne pas avoir à se marier avec un homme qui la convoite.
Sa vie aventureuse commence. Un peu partout sur les territoires des Wyoming, Dakota et Montana, on repérera le passage de cette extravagante jeune femme, cocher de diligence un jour, serveuse de saloon le lendemain, cow-girl, sage-femme, poseur de rails… mille petits boulots qui contribueront à lui tailler une réputation sulfureuse dans un Ouest à la fois sauvage et puritain et qui lui vaudront son surnom. Christian Perrissin : l’envie, c’était de ne pas faire un western, mais le portrait d’une femme qui refuse de se soumettre au diktat des hommes.
Martha Jane Cannary s’est battue jusqu’au bout de sa vie pour échapper à ce carcan et elle y a laissé sa santé. Le dessin de Matthieu est idéal pour un portrait intimiste.
Grégory Jarry (agitateur de la revue et des éditions FLBLB) a choisi ego comme x pour livrer à la face du monde un ovni tel qu’il n’en était plus apparu dans le ciel de la bande dessinée depuis Jean Teulé (ce n’est donc pas un hasard si ce dernier en signe la préface !).
Comme d’autres usent du crayon, lui abuse de la photographie. Sous sa dextre, un apparent roman photo devient une « Photobiographie ». Mais la question se pose, le monde est-il prêt à recevoir une telle somme de témoignages, de connaissances et accessoirement un os de gigot en pleine poire, comme ça d’un seul bloc ?
La réponse est à la fin du livre, mais arrivé là, il sera trop tard pour revenir en arrière ! Car Grégory Jarry est un petit malin : il aime faire parler les vieux et raconter des histoires…
Préface de Jean Teulé
Ainsi donc, après Palaces, Simon Hureau tend une nouvelle corde à son arc de virtuose, puisque c’est un article dans un journal trouvé sur un banc qui lui a donné la matrice de cette « fiction ». Mais c’est encore pourtant « la vie, la vraie » qui est aux commandes du scénario. Un scénario, comme elle seule peut en inventer et qui ne laisse jamais présager des destinées conduites par sa main experte et parfois cruelle…
Il y d’abord Colombe, qui mène une vie simple auprès de sa mère adoptive, avec juste quelques rêveries innocentes pour porter ses espérances… Suzanne, sa collègue et amie, a pour elle l’affection d’une grande sœur. Edmond, un jeune collégien un peu complexé, nourrit de précoces sentiments pour la belle Colombe. Étienne fait partie du scandaleux « Chass’ Foune Club ». Et puis il y a « la horde », la famille naturelle de Colombe…
Tous les protagonistes sont là pour jouer le rôle qui leur a été imparti.
Sélectionné pour le prix du meilleur album à Angoulême en 2005
L'homme sans talent, publié au japon en 1987 (« Munô no Hito » dans son titre original) est le récit du parcours désabusé et ironique d’un auteur de manga que le manque de succès et le refus des travaux de commande contraint à cesser de dessiner et exercer divers petits métiers pour tenter de faire vivre sa famille. Il sera donc vendeur de cailloux (ou de « pierres paysages », aux noms évocateurs de nuages, colère, regrets, larmes…), il songera à tenir une passerelle à péage, sera attiré par la profession d’oiseleur, brocanteur de fausses antiquités ou encore réparateur d’appareils photos, qu’il ne réussira pas à vendre plus que le reste. Il sera également effleuré par l’idée lumineuse de se faire moine mendiant ou rêvera de faire une grande découverte lucrative telle que les cheveux comme remède contre le cancer ou les hémorroïdes… Ainsi, loin d’être sombre, ce livre tendrement désabusé et faisant l’éloge des excentriques, est également teinté d’un humour atypique. C’est aussi un voyage envoûtant dans une société japonaise en pleine mutation où la tradition se retrouve brutalement confrontée à une modernité importée d’occident.
« Pour son deuxième livre en solo, Frédéric Boilet a choisi de vivre lui-même l’aventure qu’il relatait, et d’avancer dans son récit avant d’en connaître le dénouement. 36 15 Alexia commence par une rencontre sur minitel. Elle est mannequin professionnel ; il lui arrache des confidences qui exacerbent son désir, mais qui vont peu à peu se révéler mensongères. Alexia s’offre et se dérobe, elle promet et ne tient pas, elle se laisse filmer mais n’honore pas ses rendez-vous. Elle prendra finalement l’initiative de la rupture, mais, la fiction ayant des droits sur le réel, c’est au dessinateur qu’il appartient de doter l’album d’un fin qui l’agrée.
Moderne dans son propos comme dans sa forme, 36 15 Alexia fait l’objet d’une mise en abyme astucieuse, et procède par ruptures de style successives. Boilet démontre avec un réel brio la plasticité d’un médium qui sait faire fusionner les catégories du vrai et de l’imaginaire. Sans doute vient-il de signer l’une des premières bandes dessinées portant la marque des années 90. »
Le Monde - 2 mars 1990
Premier volume du récit d’un voyage au Cambodge qui s’est poursuivi avec Bureau des prolongations.
" Simon Hureau n’est pas de ces auteurs voyageurs pour qui le monde n’existe que parce qu’ils l’ont visité. On ne trouvera donc pas dans son récit les habituelles appréciations ethnocentrées de petit dessinateur de BD exilé en territoire inconnu. Cette fois, c’est le monde, le pays qui l’accueille (ici, le Cambodge) qui l’observe, s’amuse et nous amuse de l’inadaptation de cette sorte de SDF lunaire et risque tout.
Car, il risque sa vie, Simon, l’inconscient. Il dort au bord des rivières sans doute infestées de crocodiles, et enveloppé dans de douteux sacs de ciment trouvés sur place. Il a également une incompréhensible prédilection pour les nuits passées dans des temples abandonnées aux âmes errantes des crimes de Pol Pot. (…) Il se balade au crépuscule dans des champs de hautes herbes pas complètement déminés et remplis de serpents morts ou vivants qu’il s’amuse à ramasser pour sa collection. Il nourrit également une passion pour les reptiles, insectes et limules en tout genre qu’il rassemble très précieusement dans un sac qu’il se fera évidemment dérober avec le reste de ses affaires…
Enfin, on appréciera la véritable aisance de dessin et de narration dont fait preuve l’auteur pour rendre compte de ses pérégrinations, alors que quelques temples d’une jolie couleur de lichens vermillon viennent éclairer ce remarquable album de plusieurs pages d’une superbe bichromie orangée. "
l’avis des bulles
Welcome to America était le premier long livre autobiographique de Pierre Druilhe, et avait fait notre bonheur. Mais avant cette aventure, l’auteur avait déjà fourni des récits courts à de nombreux fanzines, dans lesquels apparaissait déjà son inimitable « personnage » …
Il nous offre ici une sélection de quinze de ces récits dessinés entre 2001 et 2009 (et dont certains sont restés inédits). A travers deux grandes thématique, l’une plutôt « rock », l’autre plutôt « bande dessinée », on retrouve Pierre Druilhe tel qu’on l’aime : drôle, attachant, « roots », arpentant concerts, festival et stands de fanzines, et se posant les questions les plus existentielles : peut-on ou ne peut-on pas conclure un gag autobiographique par l’apparition d’une petite amie, si cela fait bien, mais qu’on n’a pas de petite amie ?!…
Sommaire :
Ajouts récents :
Ces archives seront complétées au fur et à mesure par les récits courts que l’auteur continuera de dessiner.
Merci aux éditeurs des diverses publications.
Dans la prison (« Keimusho no naka » dans son titre original) de Kazuichi Hanawa à été publié en 2000 au Japon. Cet ouvrage constitue un remarquable témoignage sur les trois années que l’auteur a passées dans une prison de l’île nord d’Hokkaidô, où il avait été incarcéré le 8 décembre 1994 pour détention illégale d’arme à feu. Dans cet un habile pamphlet contre le système carcéral nippon, Kazuichi Hanawa rend compte de la vie dans cette « communauté » d’une manière extrêmement scrupuleuse, où une foule de détails prennent une importance qu’ils n’auraient pas à l’extérieur, et élabore une réflexion originale sur sa condition de détenu.
(On notera que, pour respecter le souhait de Kazuichi Hanawa, cet ouvrage est publié dans la sens de lecture original japonais.)
Un film adapté de ce livre a également été réalisé par Yoichi Sai. Sorti au Japon en 2002, il a été présenté en 2003 au festival de Deauville.
Si vous avez lu Palaces, le premier ouvrage de Simon Hureau, vous saurez que l’auteur était en voyage au Cambodge. Ce que vous apprendrez avec Bureau des Prolongations c’est que son voyage a duré bien plus longtemps que prévu en raison des péripéties qu’il nous narre ici en détails et à l’issue desquelles il parviendra tout de même à rentrer en France. Si en plus d’être un peu casse cou, Simon est un peu distrait, il faut dire aussi qu’il est tout autant inconscient, et que curieusement, cela va lui sauver la mise… Simon, est donc contraint de rester au Cambodge car il s’est fait volé ses papiers avec toutes ses affaires, carnets de croquis et passeport compris. Seulement au Cambodge, on ne refait pas des papiers si rapidement que cela et, comme ailleurs, c’est tout un parcours, avec l’exotisme et la poussière en plus ! Alors tant qu’à rester contraint et forcé, autant continuer à visiter du pays, c’est ce que s’est dit Simon Hureau et c’est pour notre plus grand plaisir de lecteur…
« Frédéric Boilet a rapporté du Japon un drôle de voyage au bout de la nuit. À nous les petites Japonaises ? Quand la réalité se déchaîne, le rêve en prend un sacré coup !
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Comme souvent chez Frédéric Boilet, le héros vit cruellement le décalage entre l’amour parfait qu’il imagine et une réalité décevante. Junko est pour lui un idéal de pureté, presque une abstraction de l’amour. Pour la retrouver, il affronte un pays hostile dont il parle très mal la langue, le climat rude de Sapporo en plein mois de décembre et la perspective de ruiner complètement sa carrière de fonctionnaire. Il semble rechercher les ennuis et le malheur, comme si ses tribulations devaient d’une certaine façon témoigner de la sincérité de ses sentiments. Mais ses efforts sont bien mal récompensés. Junko, qui se sait filmée par un caméraman du jeu télévisé auquel elle doit participer, reste évasive et enfantine. Il est clair que cette gamine d’à peine 17 ans joue à l’amour. À l’opposé, David, fragilisé peut-être par la mort récente de sa mère - à moins que cet événement ne lui ait fait prendre conscience de sa propre mortalité - cherche dans la relation intensité et profondeur.
(…/…)
Le graphisme de Boilet, tout de taches noires et blanches, fait merveille pour montrer cette image inusitée du Japon entre la nuit de l’hiver et le blanc de la neige, image bien éloignée des cartes postales classiques du pays printanier des fleurs de cerisier. Boilet travaille son dessin d’après photos, ce qui donne une ressemblance frappante à ses jeunes japonaises - et le pays d’images qu’est le Japon ne pouvait que le fasciner. Son récit s’appuie sur plusieurs séjours au Japon. Love Hotel est une moisson d’images passées au tamis d’un univers très personnel. Photos, bandes dessinées, images de télévision sont réarrangées en une mosaïque de taches noires et blanches. Mais l’image finale qui émerge est la même à Paris et à Sapporo, de même que David affalé sur la table d’un McDonald est le même à Paris et à Sapporo. C’est celle de la boule de neige de Venise. L’image d’un amour impossible parce que celui qui le cherche ne souhaite peut-être pas vraiment le trouver mais seulement le rêver. »
Jean-Paul Jennequin - Mangazone nº 7, 1993
Préface de Roland Jaccard
Voici le livre de la délicatesse. Frédéric Poincelet y explore avec une infinie justesse, les multiples chemins du sentiment amoureux… Tout est dit, de la rencontre à la rupture, dans les quelques mots que ces couples échangent, ou n’échangent pas. L’auteur s’immisce là où l’amour se partage, là où les êtres résistent, où ils se blessent, tombent et se relèvent dans cette danse perpétuelle des âmes et des corps… Tout est dit, donc ! Mais n’est exhibitionniste que celui qui impose une vision à qui ne souhaite pas la regarder, et n’est voyeur que celui qui regarde ce qu’il n’est pas autorisé à voir. Ce livre et le lecteur ne sauraient donc être ni l’un ni l’autre.
Assurément, une grande réussite du maître « es sentiments » Frédéric Poincelet qui nous avait déjà tant troublé par ses précédentes oeuvres. Il nous offre de surcroît ici une nouvelle facette de son talent de dessinateur…
Frédéric Boilet est un cachottier… Voici pourtant qu’il nous livre de délicates histoires de jeunes filles, pour la plupart encore inédites en France.
Elles sont enfin publiées en un seul volume et toutes en couleurs : « rouge comme la carrosserie du tuk-tuk », « jaune comme les lacets des chaussures d’Émilie », « vert comme l’intouchable fruit dans l’arbre », bleu comme les papillons sur un soutien-gorge ou violet comme le pubis d’une inconnue.
Neuf récits où l’auteur effeuille une fois encore la marguerite - je t’aime… beaucoup, passionnément, à la folie - et où ses partenaires s’offrent à l’unisson de références à François Truffaut, Christian Vincent, Cédric Klapisch ou Alain Resnais dans le cinéma intime de l’auteur de L’ÉPINARD DE YUKIKO.
La bande dessinée est décidément un bien beau métier, lorsqu’elle est pratiquée avec le désir de partager avec le lecteur de si sensuels moments !
NO MAS PULPO est la réédition intégrale en un seul volume de la trilogie No mas pulpo - No mas chorizo - Que cigares, parue initialement en 1990, 1992 et 1993 chez PLG. C’est une œuvre fondatrice de l’histoire de la bande dessinée autobiographique dont Joe G. Pinelli est l’un des précurseurs. NO MAS PULPO prend la forme d’un récit de voyage passant par l’Espagne, Liège et Ostende.
L’auteur y déploie ses obsessions : l’amitié, les voyages, le sexe…
Cette réédition complète, 20 ans après une première publication à 666 exemplaires, apparaît aujourd’hui on ne peut plus nécessaire, à l’heure où la si consensuelle « nouvelle bande dessinée », illustrant surtout un nouveau classicisme, a peut-être un peu oublié de s’inspirer de la saine et très libératrice révolte de ses aînés.
Lucas Méthé a eu besoin de cinq années avant de donner à ego comme x un deuxième livre autobiographique. Avec L'apprenti, l’auteur nous livre, la suite de Ça va aller.
C’est à un apprentissage multiple auquel nous assistons : très concrètement - apprentissage du métier d’éditeur sous l’influence d’un très charismatique mentor ; apprentissage de sa propre pratique artistique et des questionnements qui y sont reliés ; enfin, apprentissage sensuel et amoureux, dont les étapes ponctuent ces années comme de petites délivrances, ou encore, apprentissage des rapports humains, de la vie…
Est narrée ici une période charnière de l’existence, où un jeune homme se cherche et peine à se trouver. À l’images de bon nombre de précédents littéraires, de Werther à certaines pages du journal de Charles Juliet, il apparaît que c’est dans ces « jeunes heures », alors qu’un individu se forme, qu’il est le plus démuni tandis que surviennent les premiers bouleversements du monde adulte. Servi par un dessin d’une époustouflante maturité, Lucas Méthé fait montre, encore une fois, d’une parfaite maîtrise de son médium - en ce sens qu’il l’interroge sans cesse. Délaissant cases et dialogues, cherchant à se délivrer de la mise en scène, l’auteur ne conserve qu’écriture et dessin, pour les mêler de manière très authentiquement dépouillée.
« L’univers de James Kochalka est gentiment étrange. Humains et animaux s’y côtoient sur un pied d’égalité, discutent autours d’un verre, se désirent, s’aiment. (…) L’essentiel est, au bout du compte, la capacité qu’ont les êtres à échanger de la tendresse, à se donner mutuellement quelques mots d’amour, un baiser… Sans avoir l’air d’y toucher, par la simple grâce des sentiments, Kochalka nous donne une mignonne leçon de tolérance. Lorsqu’une chatte tombe amoureuse d’un petit oiseau et que ce petit oiseau lui, rend la pareille, comment ne pas penser que notre monde offre encore de larges pans d’espoir ? »
Bodoï