Sous le titre Moon Lake trails ego comme x a réuni un choix d’histoires autobiographiques empruntées au comic « fleuve » King-Cat que John Porcellino autopublie depuis 1989.
L’auteur y convoque ses souvenirs, de l’enfant et de l’adolescent qu’il fut, à l’homme qu’il est devenu. Ceux du petit garçon inquiet et sensible qui s’accommode mal des jeux virils auxquels il préfère les escapades dans la campagne en harmonie avec son esprit contemplatif. Ceux de l’adolescent qui se heurte à l’incompréhension des adultes, à la difficulté d’être au monde que dans un mouvement contradictoire de rejet et de désir il cherche à appréhender et y trouver sa place dans la quête du bonheur.
De l’apprentissage de la cruauté et de la mort à ceux de l’Amour et de la perte, John Porcellino trace d’une ligne épurée et essentielle, les étapes d’une vie. L’évocation de son propre passé, les réminiscences d’une simple sensation ou d’une émotion, lui donne l’occasion d’approcher l’existence de tout homme.
Quatrième livre de Jeffrey Brown publié par ego comme x, cet ouvrage inédit fera l’objet d’une édition à la demande.
Après l’achèvement de sa Trilogie des petites amies (Clumsy, Unlikely, et aeiou), Jeffrey Brown n’en a pas encore fini avec cette forme autobiographique de grande prédilection… : il offre ici un recueil de courts récits - paru aux Etats-Unis en 2008 - dont le champ d’observations s’étend, cette fois bien au delà des seuls rapports amoureux… : le goût pour la nature, les amitiés, l’amour de la musique et du dessin y tiennent une large part ; mais aussi la maladie, les souvenirs d’enfance, et les rapports familliaux, où Jeffrey Brown nous apparaît d’abord comme fils, puis finalement de manière assez inattendue, comme un père…
Drôlerie, sensibilité, finesse de l’observation, et pléthore de petits faits vrais composent les 350 pages de cet élégant nouveau recueil (dont la couverture, sur Carte Aquarello Avorio 280gr, ravira les amateurs de beaux livres) de cet auteur toujours à suivre qu’est Jeffrey Brown.
En mars 1943, le grand-père de l'auteur et son meilleur ami, tous deux officiers du Highland Light Infantry, sont envoyés outre-mer avec leur régiment. Quelques mois plus tard, ils prendront part à l'une des opérations militaires les plus marquantes de la Secondre Guerre mondiale : l'invasion de la Normandie par les Alliés.
Méticuleusement documenté et magnifiquement illustré, Deux généraux est un récit poignant et une touchante histoire d'amitié. Une histoire brutale, mais convaincante, qui illustre avec les horreurs de la guerre la bravoure de ceux qui ont combattu et nous rappelle le respect que nous leur devons.
Scott Chantler rend hommage à son grand-père mais aussi à tous ces hommes ordinaires pris dans des circonstances extraordinaires.
Publié en anglais en 2012 et chaudement accueilli par la critique, Two generals a été sélectionné pour les prestigieux prix Eisner et Joe Shuster.
Traduction : Sophie Chisogne
Titre original : Skyscrappers of the Midwest
Les Gratte-Ciel du Midwest est roman graphique singulier, un projet artistique semi-autobiographique, ancré à la fois dans la réalité et dans l’imaginaire d’un jeune garçon de dix ans, que l’on imagine être l’auteur.
Au fil des 288 pages que composent cette histoire, Joshua Cotter décrit l’univers mental tourmentée de son alter-ego et le quotidien de sa vie de jeune pré-ado vivant au fin fond du Middle West, le cœur de l’Amérique rurale. Un enfant mal dans sa peau, un peu trop gros, rejeté par ses camarades de classe et qui se réfugie dans un monde imaginaire peuplé de robots.
L’auteur utilise une iconographie foisonnante et des symboles récurrents tout au long du livre, savant mélange de scènes de la vie quotidienne, d’imagerie religieuse, de faux courriers de lecteurs ou de pastiches de publicités, le tout étant inextricablement lié. Le jeune personnage principal, qui n’est jamais nommé, présente tous les symptômes du mal-être propre à de nombreux ados, mais de façon particulièrement exacerbée, il traverse des événements de sa vie (décès de sa grand-mère, baptême, dénigrement de la part de son entourage) comme un fantôme. On décèle les marques d’une dépression infantile, tempérée par les relations parfois conflictuelles mais également empreintes d’une certaine tendresse avec son jeune frère, Jeffrey.
Les Gratte-Ciel du Midwest est un livre unique qui marquera durablement les lecteurs qui sauront en trouver les clés de lecture.
Skyscrapers from the Midwest a reçu de nombreuses nominations pour des prix prestigieux : Ignatz Awards 2005, Eisner Awards 2007 et 2009, Harvey Awards 2009.
En l'honneur d'Art Spiegelman, le créateur de Maus, Président du Jury de la 39ème édtion du Festival International de la Bande Dessinée d'Angoulême, nous reproduisons ici, avec l'autorisation de Flammarion, les 3 couvertures des ouvrages
Anya a l’impression d’être en permanence la petite nouvelle au village: fille d’immigrés, elle n’a jamais réussi à trouver complètement sa place. Mais quand elle tombe dans un puits et découvre le fantôme qui s’y trouve, elle a l’impression de se faire son premier véritable ami. Les ennuis commencent quand le fantôme devient jaloux de tout ce qui remplit la vie d’Anya...
“Un chef d’oeuvre” pour Neil Gaiman. Que dire après que l’un des plus grands noms de la BD et de la scène fantastique se soit prononcé ?
“Remarquable... un portrait élégant, drôle et plein de compassion.”
The New York Times
Tout commence par un petit cercle d’amis, de New York à San Francisco, au début des années 50. Les plus connus ont pour nom Kerouac, Burroughs, Ginsberg ou encore Diane di Prima.
Face à une société conformiste, ces artistes inventent une nouvelle manière d’écrire… et un nouveau style de vie. Leur credo : drogue, alcool, sexe libre. Cette génération qui a expérimenté tous les excès a connu une vie aussi intense et passionnée que son œuvre.
En BD, le portrait d’une génération d’auteurs qui s’est élevée contre l’establishment américain et qui a inspiré de nombreux artistes en Europe.
Un ardent militant gauchiste élève seul Alberte, sa jeune adolescente. À son grand désespoir, celle-ci est un chef-d'oeuvre de superficialité, absorbée par le culte de la consommation et du monde télévisuel. Pour remédier à la situation, le père impose à sa fille le port permanent de la burqa. Il croit court-circuiter ainsi les mécanismes despotiques que provoque le culte des apparences.
Mal lui en prend, puisque divers plateaux de télé s'emparent de l'affaire...
« La vie ordinaire, c’est un truc assez complexe », voilà la devise de Harvey Pekar, auteur de la mythique série American Splendor.
Au début des années 60, Pekar, critique de jazz et collectionneur de vieux disques, rencontre Robert Crumb et découvre la bande dessinée underground. Fasciné par les possibilités offertes par ce medium, il développe un projet de série autobiographique et, incapable de dessiner, il convainc Crumb et un dessinateur local, Garry Dumm, d’illustrer les premières histoires. En 1976 il décide d’auto-éditer la série, à laquelle la fine fleur de la scène indépendante américaine va participer.
Avec American Splendor, Harvey Pekar décrit le quotidien de la middle-class américaine, à travers sa propre expérience d’archiviste dans un hôpital public et ses relations sentimentales mouvementées, sans rien cacher de son caractère colérique ou des ses troubles maniaco-dépressifs. Il réalise également les portraits de personnages croisés ici et là et brosse un tableau désabusé de Cleveland, ville industrielle touchée de plein fouet par la crise des années 70. En se mettant ainsi en scène, Harvey Pekar, anti-héros d’une Amérique désenchantée après le choc du Vietnam, révolutionne le genre et créée la première série de bande dessinée autobiographique, qui influencera par la suite de nombreux auteurs et sera adapté au cinéma en 2003 (le film American Splendor remportera le Grand Prix du Festival de Sundance et sera sélectionné au Festival de Cannes cette année-là).
L’anthologie American Splendor rassemblera en trois volumes les meilleures histoires réalisées entre 1976 et 2006 et toute inédites en France. Le premier volume regroupe des histoires publiées entre 1976 et 1982, écrites par Harvey Pekar et dessinées par Gary Dumm, Robert Crumb, Gerry Shamray, Greg Budgett et Kevin Brown.
L'argumentaire de cette dernière livraison de Rackham est attendu pour bientôt.
Pour vous faire patienter, voici de la lecture.
Argumentaire de En route pour le New Jersey
Après l'évocation des années grunge dans En route pour Seattle, Bagge nous plonge au sein des Bradley, prototype (un peu déréglé, il est vrai) d'une famille de classe moyenne qui habite la banlieue d'une grande ville : beaucoup de lecteurs reconnaîtront sans peine des situations qu'ils connaissent bien. Tout comme dans les premiers épisodes de Buddy l'inspiration est fortement autobiographique (Bagge a déclaré à plusieurs reprises n'avoir jamais raconté des histoires si personnelles) et cette proximité avec les personnages se ressent plus dans En route pour le New Jersey que dans les précédents épisodes des aventures de Buddy.
Un ton plus intimiste parcourt l'ensemble du récit; et pourtant, l'auteur n'y va pas avec le dos de la cuillère : il met en scène les vies mornes de ses personnages avec une minutie qui provoque dans le lecteur un mélange bizarre de rire et de dégoût. Bagge semble observer ses créatures, tout en leur laissant la liberté de prendre en main le fil de l'histoire. Il se limite à prendre note des conséquences de leurs choix, le plus souvent désastreux pour eux mais hilarants pour le lecteur. Sa satire au vitriol atteint dans ces pages une profondeur sans précédent.
Argumentaire de En route pour Seattle
En route pour Seattle raconte avec humour les péripéties d'un jeune désœuvré, le fantasque Buddy Bradley, de ses copains et de son improbable famille. As de la débrouille, Buddy est tour à tour libraire, manager de rock, disquaire... Toujours avec les mêmes résultats apocalyptiques ! En plus, la relation amoureuse avec sa compagne Lisa est des plus tumultueuses et son jeune frère raciste lui gâche la vie. Heureusement, il lui reste la bière et le rock'n'roll ! !
Avec la saga de Buddy Bradley, Peter Bagge a construit une formidable galerie de personnages, sortant de la vie réelle tout en conservant sur eux un regard humain. Aussi médiocres, prévisibles, énervants soient-ils, Bagge en brosse des portraits touts en nuances et ne tombe jamais dans la caricature facile.
Lancé de Seattle au même moment que la vague Grunge, Buddy Bradley a été généralement associé à celle-ci, à l'instar que les œuvres de Gilbert Shelton pour le San Francisco hippy.
Un récit sincère, truffé de vérités parfois inconfortables, le tout nappé d’un humour féroce et grinçant.
New York, début des années 90.
Rob, sensible dessinateur pornographique, et Sylvia, ambitieuse standardiste d’un salon de coiffure, ont pris une grande décision, celle de faire leur vie ensemble.
Mais entre les recherches d’appartement, la précarité du travail et les problèmes familiaux, la route est longue jusqu’au mariage…
Neptune est l’histoire d’Erika, une jeune et aventureuse élève de CM2 , de son agité de petit frère Patrick (CE2) et de leur fidèle chien Neptune (non scolarisé).
Le jour où Erika et Patrick ratent le bus de l’école, ils ne se doutent pas que des événements extraordinaires vont leur arriver. Entre une interminable marche jusqu’à l’école, des QCM surprise, un gigantesque ouragan et la perte de ses devoirs, Erika doit garder toute sa tête alors qu’elle tente de protéger son frère, son chien et peut-être même le monde entier.
Aron Nels Steinke tisse une joyeuse et énergique histoire pleine de rebondissements, avec des moments de comédie, de l’aventure, de l’émotion, et même une chanson.
Neptune est un livre pour enfants et adultes.
Enseignant en école primaire, Steinke est assez lucide pour admettre que les élèves détestent l’école. C’est cette honnêteté et sa volonté d’explorer le point de vue de ses jeunes personnages qui donnent de la profondeur à son livre.
A travers cette histoire présentée comme un conte, il montre des enfants confrontés à l’école, aux enseignants, à l’encadrement scolaire mais aussi les rapports entre élèves, et surtout leur impressionnante capacité à inventer des histoires fantastique sans éprouver le besoin de distinguer le réel de l’imaginaire.
Traduction : Hélène Duhamel
Après la science (« Fables Scientifiques ») et la maladie mentale (« Fables Psychiatriques »), Darryl Cunningham se penche sur les relations entre la politique et l’économie, et plus précisément sur l’évolution des doctrines libérales et leur rôle dans le déclenchement de la crise de 2008, puis de la montée des extrêmes droites en Europe.
Dans un premier temps, Cunningham brosse le portrait d’Ayn Rand, auteure américaine, - notamment de « La Grève » - relativement peu connue en France mais qui a été extraordinairement influente aux États-Unis. Ayn Rand est à l’origine de la doctrine de l’objectivisme et a influencé de très nombreux hommes politiques américains, dont les libertariens, mais aussi des personnes clés de l’administration qui jouèrent un rôle prédominant au moment de la crise de 2008.
Cunningham décrit également dans le détail les mécanismes en cause dans cette crise et les ravages qu’elle a causés, parallèlement à un nouvel essor des politiques libérales et à la montée de l’individualisme dans nos sociétés. Son engagement est sans équivoque et il annonce clairement la couleur dans sa préface : "Dans des États démocratiques, où le droit de vote existe, nous sommes responsables d’avoir donné le pouvoir à ceux qui estiment vertueux de privilégier l’amoncellement d’argent au lieu de l’égalité de tous."
Titre original : Supercrash, How to Hijack the Global Economy
Traduction de Gabriel S. Colsim, lettrage de Hélène Duhamel
« La première fois que j’ai lu Storeyville a été l’un des moments clés de ma vie d’auteur de bandes dessinées, je considère ce livre comme l’une des étapes importantes du développement de ce medium. » Extrait de la préface de Chris Ware
Initialement auto-édité par Frank Santoro en 1995 au format des quotidiens américains et sur papier journal, Storeyville a été encensé dès sa parution par les principaux auteurs de la bande dessinée indépendante américaine, et notamment Chris Ware, Seth et David Mazzuchelli. Storeyville décrit la quête initiatique de Will Good, un jeune hobo issu de l’Amérique de la Grande Dépression. Condamné à la débrouille, acoquiné avec des petites frappes, et coincé dans les faubourgs de Pittsburgh, Will est impatient de déguerpir à la première occasion. Lorsqu’il apprend que son ancien mentor - un noir américain appelé Révérend Rudy - a été aperçu à Montréal, Will s’embarque dans une traversée de l’est des Etats-Unis.
Storeyville est construit sur la trame du traditionnel récit d’apprentissage en hommage aux grands auteurs classiques américains. Storeyville fait ainsi écho aux nouvelles de Mark Twain, John Steinbeck et Jack London. Au regard du relatif classicisme de la trame de l’histoire, le dessin de Storeyville est étonnamment avant-gardiste. Les illustrations et la composition des pages, réalisées dans un style brut qui tend parfois vers l’abstraction, s’inspirent à la fois des principes de l’improvisation jazz et de l’écriture automatique.
4,50€
Octobre 2003. La vie de Jake Gallo est un enfer, il n’arrive pas à trouver de travail, son père vient de faire une crise cardiaque, Son frère Freddie est devenu une star du cinéma, mais le plus difficile à avaler, ce sont les frasques sentimentales de sa sœur May qui s’est mise en tête d’épouser... un humain.
Car les Gallo, comme les autres poules et coqs du monde entier, sont subitement devenus conscients en 1979 au grand désarrois de l’espèce humaine. Suite au décès de son père, Jake va découvrir l’histoire de sa famille et de son père, Elmer, qui fait partie de la génération des coqs qui ont dû apprendre à cohabiter avec les hommes.
Au début des années 60, Pekar, critique de jazz et collectionneur de vieux disques, rencontre Robert Crumb et découvre la bande dessinée underground. Fasciné par les possibilités offertes par ce medium, il développe un projet de série autobiographique et, incapable de dessiner, il convainc Crumb et un dessinateur local, Garry Dumm, d’illustrer les premières histoires. En 1976 il décide d’auto-éditer la série American Splendor, à laquelle la fine fleur de la scène indépendante américaine va participer.
Ce deuxième volume de l’anthologie consacrée à la série de Harvey Pekar couvre les années 1983 à 1991. Pekar connait une quarantaine mouvementée : il divorce de sa seconde femme, en épouse une troisième et acquiert enfin un semblant de notoriété grâce à sa participation au talk show Late Night with David Letterman , avant de se faire virer pour avoir critiqué trop ouvertement les propriétaires de la chaîne. On retrouve avec bonheur la verve du créateur de la première série de bande dessinée autobiographique, qui influencera par la suite de nombreux auteurs et sera adaptée au cinéma en 2003 (le film American Splendor remportera le Grand Prix du Festival de Sundance et sera sélectionné au Festival de Cannes cette année-là).
Situé au début des années 1980, dans la banlieue d’Akron, une ville de la Rust Belt frappée par la crise économique, Punk Rock et mobile homes est une comédie déjantée dans le milieu de la musique punk. Le personnage principal, Otto Pizcok, dit « Le Baron », est en terminale et vit dans le parc de mobile-homes appartenant à son grand-oncle. Gros balèze féru du Seigneur des Anneaux à la personnalité un peu borderline, il est à la fois admiré et incompris de ses camarades de classe. Grand fan de musique punk, il fréquente assidûment The Bank, la principale salle de concerts punk d’Akron, alors appelée « The New Liverpool ».
Grâce à son impressionnant aplomb, Otto parvient a se débarrasser de son image de nerd pour devenir le guide/roadie de sommités du Punk telles que Joe Strummer ou les Ramones. Il devient même chanteur, et parvient à ses fins avec la gent féminine, mais il finit par péter les plombs en plein concert et, comble de l’horreur, se retrouve seul à l’approche du bal de fin d’année.
Avec ses personnages baroques, ses dialogues et situations rocambolesques, Punk Rock et mobile homes est à mourir de rire, tout en étant un véritable documentaire sur la scène punk des années 1980, telle que Backderf l’a lui-même connue dans sa jeunesse.
Titre original : Punk Rock and trailer parks (Etats-Unis)
Traduction de Philippe Touboul, lettrage de Hélène Duhamel
Lynda Barry est l’une des illustratrices américaines les plus réputées dans son pays. Depuis 35 ans, elle réalise des comic strips publiés par des dizaines de journaux américains.
Mes Cent démons est un ouvrage étonnant où Lynda Barry montre son talent unique pour parler de l’enfance avec naturel. Elle pratique avec bonheur l’autofiction, ou comme elle l’appelle, l’autobifictionalographie, et se met en scène sous les traits d’une gamine un peu gauche, un peu moche, aux cheveux roux incoiffables, parfaitement incapable de danser, mais mourant d’envie d’être cool.
La structure du livre est construite autour d’un exercice de dessin asiatique qui consiste pour l’artiste à faire sortir de sa plume une centaine de démons intérieurs.
Lynda Barry s’étend sur ses souvenirs dans de longues séquences narratives parfois douces et parfois douloureuses. Elle aborde aussi bien sa sensibilité aux odeurs des autres, sa consommation d’acide à l’âge de 16 ans, ou la couleur des poux que l’art de domestiquer les chiens victimes de violences.
Elle retranscrit avec beaucoup d’acuité la cruauté et les plaisirs de l’enfance, remémorés avec floraison de détails et sans fards et aborde pour la première fois sa propre histoire après des années de strips qui lui ont permis de peaufiner un ton et un style inimitables.
Le résultat est à la fois poignant et drôle...
Titre original : One Hundred Demons ! (États-Unis)
Traduit de l’anglais par Fanny Soubiran
Pourquoi le chiffre de 50 000 victimes revient-il aussi souvent dans les médias américains ?
Les journalistes devraient-ils annoncer leurs intentions de vote ?
Internet radicalise t-il nos opinions ?
Ce sont quelques-unes des questions soulevées par Brooke Gladstone, journaliste spécialiste des médias pour la radio publique américaine NPR. Avec l’aide du dessinateur de bande dessinée documentaire Josh Neufeld, elle retrace dans La Machine à influencer l’évolution des médias d’information et des pratiques journalistiques. Des premières dérives de l’information sous l’empire romain jusqu’aux errements des médias américains au moment de l’entrée en guerre contre l’Irak, Brooke Gladstone s’interroge et livre une grande leçon de journalisme.
Passionnant manifeste, La Machine à influencer réfute les théories qui représentent les grands médias en tireurs de ficelles tout-puissants.
De la censure aux journalistes « embedded » en zones de guerre, le livre recense les stratégies des politiques pour s’accommoder du quatrième pouvoir, décortique les différents biais qui affectent les journalistes, décrit le circuit des sondages et statistiques qui parviennent jusqu’à nous et explique comment nous en venons à croire ou rejeter certaines informations.
Brooke Gladstone et Josh Neufeld nous fournissent ainsi des outils pour décrypter les médias et rester des consommateurs (voire des producteurs) d’information vigilants.
Titre original : The Influencing Machine (États-Unis)
Traduit de l’anglais par Fanny Soubiran
A été choisi par l'Association des Critiques de Bandes Dessinées (ACBD), parmi la liste des « 20 indispensables de l'été ».
Publié en 2007 par le très prestigieux Crown Publishing Group, Arrête d’oublier de te souvenir est le livre le plus personnel de Peter Kuper, auteur récompensé par de nombreux prix pour ses illustrations de presse et ses adaptations de Franz Kafka et de Upton Sinclair.
Arrête d’oublier de te souvenir est l’auto parodie de la vie d’un auteur de bande dessinée, un parfait exemple d’auto fiction. Kuper se représente sous les traits d’un illustrateur embourgeoisé, pour une discussion avec le lecteur sur sa découverte du sexe, de la drogue, des dysfonctionnements de l’administration Bush et un vaste exposé sur les problèmes existentiels de l’Auteur, confronté à son quotidien de mari et de père...
Au cours du livre, Kuper juxtapose le quotidien de sa vie, et notamment la grossesse de sa femme et ses conséquences, avec la présentation de séquences de flashback sur sa jeunesse, séquences dont il est à la fois le présentateur et un spectateur critique. Couvrant une longue période, de 1972 à 2005, les séquences autobiographiques sont l’occasion de citer de nombreuses références culturelles, de la découverte des Pink Floyd aux classiques de la bande dessinée, de Popeye à Crazy Kat en passant par Mad Magazine auquel Kuper collabore. L’actualité politique est également très présente, à travers un regard extrêmement critique sur les mandats des Bush (père et fils), ce qui ne surprend pas de la part de cet auteur qui compte parmi les dessinateurs américains les plus engagés. Un grand roman autobiographique.