Un homme marche lentement, un livre à la main, le long des quais de la Seine. Ses pensées le portent loin, dans les montagnes du Titteri, à l’école française de la zaouia de Madala, enveloppée d’une dense fumée qui étouffe tout : le paysage, les hommes, les animaux. Dans l’école, que le feu consomme lentement, rôdent les hommes qui ont “détourné les fleuves du Livre vers les sources de l’Enfer”. Sous le soleil masqué par un dense écran noir, ils effacent - au tranchant d’une lame de couteau - la vie, la parole, la mémoire.
Dans les pages de La jeune femme et la mort, Nabile Farès sublime, dans un texte aux forts accents poétiques, le drame qui a gorgé de sang sa terre natale d’Algérie et stigmatyse une violence qui réduit à néant les hommes en leur ôtant la vie et l’identité. Le pinceau de Kamel Khélif ajoute une nouvelle dimension aux mots, en charge et amplifie le sens. Mêlant la puissance du geste à la finesse presque calligraphique du détail dans une matière qu’il maîtrise à la perfection, Khélif déroule, page après page, les fils d’un récit à l’exceptionnelle puissance évocatrice. Case après case, La jeune femme et la mort plonge le lecteur dans un univers visuel riche et complexe où paroles et images donnent un nouveau sens au mot bande dessinée.
Sous le ciel gris d’une ville de province, se croisent les destins d’une poignée de gens ordinaires. Ils sont serveurs dans des salles de bingo sordides, paparazzi à la recherche du scoop à tout prix, femmes au foyer névrosées ou affairistes avides et sans scrupules : tous saisis à un instant « quelconque » de leur vie sans idéaux ni ambitions, faite de relations intéressées et d’événements insignifiants.
Leur existence s’enlise dans la médiocrité, dans un quotidien à la banalité affligeante, rompu par de soudaines poussées de haine envers tout ce qui est étranger ou différent. À l’annonce du débarquement imminent d’une civilisation extra-terrestre, tous n’y voient que l’opportunité de profiter de ces nouveaux arrivants.
Prisonniers de leur égoïsme cynique, incapables d’établir un vrai contact avec cette civilisation supérieure ou même de se protéger de toute attitude hostile, ils se laissent emporter avec le reste de l’humanité.
Giacomo Monti est aux antipodes de tout lyrisme, ton épique ou raffinement graphique ; son écriture et son dessin sont secs, concis, débarrassés de tout superflu.
Monti ne distille que les éléments nécessaires à décrire une ambiance ou un personnage, les résumant parfois à un détail ou un simple geste. Son trait minimaliste, ses cases minuscules, amplifient l’atmosphère grise et monotone de ses récits et structurent une sorte de « grammaire » du banal qui est loin de l’être.
Les dix neuf tranches de vie de Personne ne me fera de mal sont parfois si absurdes que l’irruption soudaine du fantastique nous paraît presque plausible et le caractère excessif des personnages – frôlant souvent la caricature – nous arrache un sourire amusé. En refermant ce livre, nous réalisons enfin que cette tragi-comédie hallucinée – peuplée d’aliens et d’aliénés – n’est autre que le tableau fidèle d’une condition humaine qui s’enfonce chaque jour un peu plus dans la solitude et la misère morale.
Personne ne me fera de mal a par ailleurs inspiré Gipi (Ma vie mal dessinée, Notes pour une histoire de guerre) pour son long-métrage L’ultimo terrestre (Le dernier terrien) présenté à la 68e Mostra de Venise en août 2011.
Dans une interview donnée au quotidien italien La Repubblica à l’occasion de la sortie de son film, Gipi a déclaré : « Giacomo Monti est un auteur génial et son livre est beau. Il est allé plus loin que moi et a eu des intuitions sur l’Italie contemporaine qui sont parfaites pour construire une histoire. Personnellement, j’ai tendance à toujours renouer avec mon registre autobiographique.
Ici, j’ai eu envie de travailler plus sur la technique et l’écriture. J’ai pris l’histoire de Giacomo et je l’ai adaptée…»
Lors d’une conférence de presse après ses fiançailles avec Diana, le prince Charles dut répondre à la question : « Êtes-vous amoureux ? » Après une petite hésitation, il répondit : « Oui… Quel que soit le sens du mot “amour” ».
Or, en lisant la presse people quelques années plus tard, on constata que de toute évidence Charles et Diana n’attribuaient pas du tout le même sens au mot « amour »…
En feuilletant les mêmes magazines, on pouvait aussi se demander comment Whitney Houston avait pu tomber amoureuse d’un sale type comme Bobby Brown, et de remarquer au passage qu’en matière d’amour, le bonheur de l’un ne fait pas forcement celui de l’autre. « Qu’est-ce donc que l’amour ? »
Forte du constat que les déconvenues sentimentales sont loin d’être l’apanage exclusif de quelques chanteuses ou têtes couronnées, la dessinatrice suédoise Liv Strömquist mène sa réflexion sur le pourquoi du comment de la relation amoureuse.
Ainsi, les moindres faits et gestes de Charles, Diana, Whitney, Bobby Brown (et d’une foule de philosophes, écrivains et hommes politiques qui peuplent les pages de Les sentiments du Prince Charles) se mêlent à des faits historiques ou à des situations tirées du quotidien et font voler en éclats nombre de poncifs sur le sujet. À force d’exemples choisis, Liv Strömquist démontre méthodiquement qu’en amour, les rôles et les comportements de chacun sont loin d’être des données de fait inhérentes à une nature humaine immuable.
En replaçant les liaisons sentimentales dans leur contexte socio-culturel, elle invite à reconsidérer la relation amoureuse autrement que selon la norme hétérosexuelle-monogame.
En refermant Les sentiments du Prince Charles, nous en saurons certainement un peu plus sur pourquoi Charles a quitté Diana et Whitney est tombée amoureuse de Bobby Brown mais, plus important encore, nous ne regarderons plus du même œil notre vie de couple.
Essai en bande dessinée rigoureux et documenté, Les sentiments du Prince Charles est avant tout un plaidoyer passionné pour l’autodétermination et la libération des corps et des consciences.
Par son humour décapant et salvateur, Liv Strömquist insuffle à son livre une exceptionnelle vitalité, tout en réussissant – par son trait à première vue naïf – à l’imprégner d’une fraîcheur singulière qui renforce son propos.
Keko est un magicien raté qui vit avec sa mère, Dame Teton, qui n’est ni plus ni moins qu’un énorme sein. Une telle hérédité est sans doute la cause des problèmes de libido qui taraudent notre magicien, qu’il voltige au bras de femmes fatales ou végète dans des hôtels minables avec sa mère et quelques autres parasites.
Prisonnier de ses obsessions et de ses tours de magie fantasques, Keko va vivre des aventures loufoques dont son inconscient chargé semble être la source principale…
Lors de son premier voyage à Sarajevo en 1995, Joe Sacco fait la connaissance de Neven – un jeune serbo-bosniaque – qui devient bientôt son fixer attitré. Par ce terme (parfois traduit en français par le mot fixeur) on désigne le guide-interprète-chauffeur-négociateur devenu l’auxiliaire indispensable de tout journaliste de terrain qui couvre un conflit majeur.
Fils d’une musulmane et d’un serbe, Neven a été élevé par son père et a servi dans l’Armée Nationale Yougoslave. Au début du siège de Sarajevo, il s’est enrôlé du côté bosniaque, « par loyauté », intégrant une des formations paramilitaires qui ont participé à la défense de la ville. Blessé pendant les combats, Neven a ensuite été exclu de l’armée bosniaque à cause de ses origines serbes et a survécu en racolant les journalistes étrangers pour leur offrir ses services.
Entre Sacco et Neven s’établit bientôt une relation intense, rythmée par des demandes d’argent, des élans d’amitié sincère et, surtout, par de longs monologues où l’ancien baroudeur livre au reporter fraichement débarqué sa vérité sur une guerre qui va bientôt d’achever.
Les récits de Neven offrent ainsi à Sacco l’opportunité d’enquêter sur les chefs des bandes paramilitaires, ces seigneurs de la guerre dont le courage fanatique a certainement empêché la chute de Sarajevo mais qui ont été inévitablement corrompus par le pouvoir et la soif de vengeance, obsédés par leurs paranoïas partisanes.
Reconnus pour leurs hauts faits d’armes tout autant que pour leurs responsabilités dans les pires crimes et exactions, ces hommes incarnent la complexité ainsi que certaines ambiguïtés du conflit bosniaque dont Joe Sacco met à jour les revers les plus sombres avec la rigueur et l’objectivité qui sont les siennes. Mais The Fixer est avant tout un livre sur Neven et sur sa vision du monde. Ses contrevérités et ses omissions sont le point de départ d’une analyse des réactions de la société bosniaque face au traumatismes de la guerre et, plus encore, face à l’après-guerre qui se prépare ; Joe Sacco ajoute ainsi une dimension supplémentaire à son remarquable travail d’investigation sur la guerre en ex-Yougoslavie et achève, comme l’a écrit Edward Saïd, un « véritable travail politique et esthétique d’une extraordinaire originalité ».
À l’instar des éditions anniversaire de Goražde et Palestine, cette édition de The Fixer est précédée d’un texte de Joe Sacco qui commente ses notes de terrain et est suivie d’une interview inédite de Neven par l’auteur. Les notes de Sacco, enrichies de dessins et de photographies, contribuent à fournir au lecteur un éclairage complet sur son œuvre et les circonstances de sa création.
Vasco est toujours à la recherche de son ami Juan, disparu en Amérique Latine des années auparavant.
Du Mexique zapatiste (La pipe de Marcos) à la forêt amazonienne (Rio Loco), en passant par le Nicaragua (L'île de jamais jamais), la quête de notre héros post-moderne le mène enfin au Brésil.
C'est ici, au milieu des luttes des paysans sans terre, que Vasco retrouve enfin Juan et reçoit une réponse aux questions posées dans les épisodes précédents de Les voyages de Juan Sans Terre.
Dénouement attendu d'une saga de plus de 600 pages, Sur la terre des sans terre n'est pas seulement la conclusion d'un récit d'aventures qui nous a fait traverser tout un continent, ses conflits, ses problèmes économiques et culturels face au libéralisme et à la globalisation : Javier de Isusi y synthétise les différentes facettes de son histoire et donne sa définition du mot « voyager » dans laquelle tout routard s'y reconnaîtra sans difficulté.
- « Qu'il arpente les jungles de Bornéo, la place Tian'anmen ou les sous-bois du Périgord, Troubs sait être à la fois au plus près de son sujet et – paradoxe du dessinateur ? – s'effacer, pour mieux entendre et voir ce qu'il va raconter. »
De la préface d'Étienne Davodeau
Motivé par le désir d'en savoir plus sur ce monde nocturne et discret, sur cet ancien métier promis à la disparition, mais aussi soucieux de connaître plus en profondeur la réalité qui l'entoure (l'auteur habite la Dordogne), Troubs est devenu à la fois commis et chroniqueur. Il s'est affairé près de la « machine », son carnet toujours à portée de main, a observé les gens et écouté leurs conversations pour tirer de ces huit mois de travail une bande dessinée marquée d'humanisme et d'humour, riche d'anecdotes et de détails sur le métier de bouilleur, ses usages, ses outils. Dix ans plus tard, Troubs a retrouvé le monde de la « bouille » et ajouté un nouveau chapitre à son livre : qu'en est-il aujourd'hui des bouilleurs de cru, que sont devenus ces hommes, que reste-t-il de cet univers riche en traditions et en humanité...
La préface de cette nouvelle édition de La bouille est signée Étienne Davodeau.
Tel Caron, le passeur du Styx, un Arlequin en noir et blanc nous fait traverser un marais brumeux vers une banlieue jadis prospère et à présent désertée où ne demeurent plus que les laissés pour compte.
Des gens sans travail ni espoir, se traînant d'un bistrot minable à un immeuble lépreux, survivant au jour le jour de combines et de menus larcins. Cette ville qui se délite autour d'eux les opprime, les anéantit, au point que leur désespoir n'arrive même plus à se muer en révolte mais se cristallise en une haine stupide et aveugle.
Andrea Bruno ne se contente pas de nous raconter une banale histoire de vol de voiture ; il évoque, par des dialogues fragmentés et des images à la beauté violente, toute la détresse de cette humanité perdue. Bruno répand l'encre noir du pessimisme sur la blancheur aveuglante du papier ; il travaille et contraint la lumière, la fait jaillir de la page et gicler dans nos yeux.
Samedi répit est un coup de poing au ventre, douloureux mais nécessaire.
L’hiver du dessinateur est l’histoire d’un combat pour la dignité et la liberté ; une bataille perdue par un petit groupe d’artistes qui se battent pour être maîtres de leurs choix, de leurs œuvres et de leur destin.
Dans l’Espagne de la fin des années 50, les dessinateurs vedettes de la Editorial Bruguera, le plus important éditeur de bandes dessinées du pays, quittent la maison d’édition pour fonder une revue entièrement autogérée, Tio Vivo, dont ils sont à la fois propriétaires, directeurs éditoriaux et principaux auteurs.
Tout en étant parmi les créateurs plus brillants et populaires du moment, ils fuient l’oppressante tutelle de leur tout-puissant employeur qui les tient en l’état de simples tâcherons du dessin. Payés à la page, et le moins possible, ils doivent au demeurant céder leurs planches à l’éditeur, ne possèdent aucun droit moral sur leurs créations et ne perçoivent aucun droit d’auteur.
Ils ne sont pas seulement soumis aux contraintes de la censure franquiste mais, surtout, aux diktats émanant de la direction éditoriale, incarnée par l’intraitable Rafael González Martínez. Celui-ci leur impose ses choix en écartant tout projet qui n’entrerait pas dans sa ligne éditoriale mais il leur interdit aussi de travailler pour une maison concurrente.
Le rêve de liberté et d’autonomie de Tio Vivo ne dure pas longtemps.
La revue est d’emblée soumise à la pression de Bruguera, qui n’hésite pas à publier des magazines qui la concurrencent directement, à en saboter la distribution, pour enfin venir à bout de la résistance de ses fondateurs et la racheter quelques années plus tard.
Fruit d’un long travail d’enquête et de documentation, l’épopée de Tio Vivo est racontée avec une finesse et une fraîcheur remarquables.
Paco Roca, jeune dessinateur valencien, trace le portrait mélancolique d’un pays qui, à peine sorti de la guerre, commence à connaître l’euphorie de la société de consommation. Reflet de cette formidable transformation économique et sociale, Bruguera, petite maison familiale et refuge des persécutés du franquisme, va détenir en quelques années le monopole de l’édition de bande dessinée tout en exploitant sauvagement ses employés. Les dessinateurs de Tio Vivoincarnent alors cette partie de la société qui, une fois libérée de son extrême misère entame un nouveau combat pour sa liberté et ses droits.
Pétris de doutes et contradictions, de courage et de faiblesses, les personnages de Roca n’ont rien de manichéen. Brossés tout en nuances, ils donnent au récit une extraordinaire vitalité, bien au-delà de la simple évocation de l’âge d’or de la bande dessinée espagnole : à l’image du personnage de Rafael González Martínez, « l’homme au crayon rouge », ancien journaliste persécuté par le franquisme, devenu directeur éditorial tyrannique et chien de garde de la propriété de Bruguera.
Victime et complice des bourreaux, il est le symbole d’un peuple deux fois vaincu et incarne l’archétype de tous les « hommes au crayon rouge » contemporains.
L’hiver du dessinateur a été la seule bande dessinée retenue parmi les 50 meilleurs livres espagnols de 2010 par un jury de journalistes, critiques et libraires.
Il a aussi reçu les prix du meilleur album et du meilleur scénario à l’occasion de l’édition 2011 du Salon Internacional del Cómic de Barcelone. Paco Roca est né à Valencia (Espagne) en 1969. Il a commencé sa carrière de dessinateur comme illustrateur en ouvrant un studio de création publicitaire dans sa ville natale.
Parallèlement à son activité professionnelle, il s’est d’abord simplement intéressé à la bande dessinée avant que celle-ci ne devienne son autre principale activité. Il a publié Gog (La Cúpula, 2000), El juego lúgubre (La Cúpula, 2001), El Faro (Astiberri, 2007, publié en France par Six Pieds sous Terre sous le titre Le Phare), Hijos de la Alhambra (Planeta, 2007), Arrugas (Astiberri, 2007, publié en France par Delcourt sous le titre Rides), Las calles de arena (Astiberri, 2009, publié en France par Delcourt sous le titre Rues de sable), Senderos (Laukatu, 2009), Emotional World Tour (Astiberri, 2009, avec Miguel Gallardo), El Ángel de la retirada (Bang, 2010).
Il a travaillé à la réalisation d’un dessin animé tiré de Arrugas qui sort en salle en Espagne à la fin janvier 2012.
En juillet 2006, pour pouvoir terminer dans la tranquillité son Arrête d’oublier de te souvenir (paru en France chez çà et là), Peter Kuper décide de s’installer au Mexique, dans la ville de Oaxaca (prononcer ou-rha-ca).
Parti de New York pour fuir les polémiques autour de l’Iraq, Kuper se retrouve au cœur des affrontements entre la police et la APPO (Assemblée populaire des peuples d’Oaxaca) dans ce qu’on appellera plus tard la révolte d’Oaxaca. Journal d’Oaxaca est le résultat du hasard : se trouver au bon endroit au mauvais moment. Kuper commence à consigner, dans des courrier électroniques qu’il envoie à ses amis, les faits qui mettent à feu et à sang la ville mexicaine, un peu pour rassurer ses proches mais aussi en réaction aux mensonges et approximations des médias qui couvrent la révolte. Ses mails font le tour du monde, sont relayés par de nombreux sites internet et font apparaître au grand jour la féroce politique répressive du gouvernement mexicain. Carnet de croquis à la main et appareil photo en bandoulière, Kuper parcourt les rues d’Oaxaca, dessine les barricades et les charges de la police mais s’attarde aussi sur la beauté d’un visage ou d’un cactus majestueux, pour satisfaire sa nécessité « d’illustrer les moments obscurs d’Oaxaca et d’en capturer en même temps la lumière ».
En décembre 2010, Kuper est retourné à Oaxaca, sur les lieux de la révolte de 2006, et a ajouté un dernier chapitre au livre en mettant ainsi en perspective son témoignage et ses impressions. Entre carnet de voyage et reportage dessiné, Journal d’Oaxaca démontre une fois de plus le talent de Peter Kuper, observateur attentif de la vie qui l’entoure et chroniqueur engagé du monde contemporain.
Troisième volet des aventures de Julius Knipl, photographe immobilier
Un éditeur de cartes postales fait immortaliser les monuments et bâtiments notables qui bordent l’Ornemental avenue : l’Institut de recherche sur la Soupe aux noisettes, les Archives municipales des tâches de naissance, l’Observatoire national du thermomètre rectal... Une initiative audacieuse qui, malheureusement, ne rencontrera pas le succès escompté auprès des visiteurs de passage. Par contre, nous aurons là l'une des rares occasions d'apercevoir furtivement Julius Knipl dans le plein exercice de son métier : photographe immobilier. Le reste du temps, ce placide quinquagénaire ne sera que le prétexte à notre plongée dans le New York suranné de Ben Katchor, à la découverte de personnages plus dérisoires et attachants les uns que les autres. Tous sont les témoins d'un temps qui file et qui fige, dans une désarmante poésie, les minuscules et hasardeuses entreprises dont les villes comme nos vies sont tissées. Passée l'acclimatation à l'écriture toute musicale de l'auteur, qui jongle comme personne avec texte et cases, on découvre dans l'œuvre de Katchor, cachée derrière les nombreux éclats de rire, une création capable de bouleverser en profondeur notre vision du monde.
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Dans son salon de thé, Sigfrido – l'Ours malais – sert à boire à tous ceux qui s’accoudent à son comptoir pour raconter leur vie.
« J'ai toujours aimé écouter les histoires des autres... – dit-il – aider dans la mesure de mes moyens les gens qui viennent ici, voilà la meilleure des thérapies pour moi, sans compter que c'est un divertissement édifiant qui m'aide à égrener mes journées avec le sourire. » Le troquet de Sigfrido marche à merveille : sa clientèle se compose de soiffards fidèles et assidus comme Edgardo Moitiedhomme , mais aussi de nombreuses célébrités : Adam Kent, le super-héros, ou Caetano Crayon qui, avant l'accident qui l'a rendu aveugle, était le super-protecteur de la ville. Le secret de l'Ours malais est simple : « écouter... aider avec discrétion, proposer des infusions et des liqueurs avec son coeur, en pensant aux personnes qui vont les boire... il suffit d'observer le client pour lui proposer le breuvage qui... lui fera du bien, car les gens viennent dans cet établissement pour fuir leurs problèmes, chercher des réponses ou simplement et le plus souvent, parce que ils sont déboussolés. » Car les clients de Sigfrido ont une chose en commun : ils sont tous torturés par leurs sentiments, poussés à bout par l'amour, la haine ou la peur. Héros habités par la rage, amants dévorés par la passion, hommes cassés ou confus, ils sont tous arrivés à un carrefour où ils ne savent pas bien quel chemin emprunter.
En douze histoires (où l’on retrouve souvent les mêmes personnages dans les mêmes lieux ) David Rubín dépeint la condition humaine avec intelligence et délicatesse. Ses personnages fragiles et attachants sont tous des héros déchus, des Prométhées des temps modernes : Rubín brosse leurs portraits avec une sensibilité qui parfois se mue en mélancolie. Il y juxtapose un graphisme élégant, dynamique, accompagné d’une maîtrise du rythme et de la composition remarquablement efficaces. Influencé par des auteurs tels Muñoz et Sampayo, Siqueiros, Toriyama, mais aussi Frank Miller, Kioke ou Miguelanxo Prado, Davíd Rubín a su synthétiser un style original qu'il affine sans relâche en s'affirmant comme un des auteurs le plus intéressants de la jeune génération espagnole.
Davíd Rubín est né à Ourense (Galice, Espagne) en 1977. Il s’intéresse très tôt à la bande dessinée et publie dans des fanzines et revues (Humo, Barsowia, BdBanda, Dos veces Breve). En 2005 sort son premier livre, El circo del desaliento (nommé au Salón del Cómic de Barcelone en 2006 ; une partie de ce récit a été publiée en France par Rackham sous le titre Hors d’atteinte). Le salon de thé de l'ours malais a reçu 4 nominations au Salón del Cómic de Barcelone 2007 (auteur révélation, meilleur scénario, meilleure œuvre et meilleur dessin tout en gagnant le prix Josep Toutain décerné à l'auteur révélation ) et a été récemment publié en République Tchèque. Rubín travaille en ce moment à El Héroe, une impressionnante saga de plus de 500 pages – entre mythologie et science-fiction – dont le premier tome sortira très prochainement en Espagne chez Astiberri. Davíd Rubín est aussi très actif dans le domaine du cinéma d'animation et travaille pour la maison de production galicienne Dygra Films. En 2008, il a réalisé (avec Juan Carlos Pena) le dessin animé El Espiritu del bosque (qui a connu un certain succès en Espagne) et, plus récemment, a réalisé (avec Juan Galiñanes) Holy Night, une comédie d'animation de 90 minutes en digital 3D dont la sortie est prévue pour Noël 2011.
Traduit de l'espagnol par Alejandra Carrasco Rajal
Maria, douze ans, habite chez sa mère et, de temps en temps, passe une petite semaine de vacances avec Miguel, son père, de préférence dans un village touristique aux îles Canaries. Pendant ces courts séjours, Maria et Miguel discutent, dressent des listes de personnes, mangent comme des ogres et se tordent de rire ; car Maria a un sourire contagieux, un sens de l'humour spécial et est autiste. Maria et moi est le journal d'un de ces voyages, rempli d'événements et de situations tout à fait banals qui, pour Maria et Miguel, se transforment en autant d'aventures ponctuées d'innombrables problèmes, souvent déclenchés par les personnes que Maria rencontre et leur incapacité à entrer en relation avec elle. Mélange de tranches de vie quotidienne et de réflexions, de pages de bande dessinée intercalées par des courts textes, Maria et moi n'est pas seulement un livre sur l'autisme mais sur la relation entre cette fille très spéciale et un père qui l'est autant.
Dessinateur, Gallardo est habitué a communiquer visuellement avec sa fille, à contourner par le dessin ses difficultés à exprimer ses émotions, à comprendre notre monde. Dans Maria et moi, il réussit, par ce même procédé, à nous introduire dans l'univers de Maria, à nous montrer la réalité telle qu'elle la voit, et à nous révéler l'absurdité de notre indifférence et de nos préjugés. Avec légèreté et délicatesse, et toujours avec beaucoup d'humour, Gallardo délivre un message d'espoir très simple, dénoué de toute intention moralisante : les murs qui entourent Maria sont hauts mais pas infranchissables. A nous de lui tendre la main.
Rendez-vous, c’est une carte blanche donnée à 12 auteurs et illustrateurs français issus majoritairement de l’univers de l’animation, pour réaliser une BD sans texte de quatre pages et inspirées de la culture française.
Rendez-vous, c’est l’expression de la French Touch, le pendant français de collectifs comme Flight, Out of Pictures ou Afterworks.
Du Grand Art, tout simplement.
Au menu de Rendez-vous :
Par l’auteur de « Tsiganes », une bd-reportage sur le plus grand rassemblement de gens du voyage.
Tous les ans, à la fin du mois de mai, les gens du voyage se retrouvent aux Saintes-Maries-de-la-Mer, pour un grand pèlerinage. KKrist Mirror s’y est rendu plusieurs fois pour saisir sur le vif ces instants. Témoignage.
« C’est l’histoire des Saintes-Maries telle que les livres d’histoire la racontent. C’est la ferveur religieuse et vitale démultipliée du peuple gitan. Ma bande dessinée, c’est aussi un petit bout de voile soulevé sur la vie souvent précaire du dernier peuple nomade européen. »
2,50€
Terre de son Nom est un album étrange et émouvant de SF, il dévellope également des qualités poétiques et divertissantes. De plus, il affiche de grandes ambitions narratives, artistiques avec une grandeur d’âme.
Dans une cite protégée par une coque d’un verre particulier, des femmes et des hommes vivent abrités depuis des millénaires, ils ne vieillissent pas parce que leur vie est biologiquement éternelle. Mais voilà, ils ne peuvent pas avoir d’enfants… pourtant un événement fort considérable pour eux, va intervenir. Suite à de longs travaux, des scientifiques de leur communauté et hors du commun, vont réussir à créer une naissance ! les habitants de cette ville enfermée, n’avaient jamais vu un bébé en chair et en os ! c’est un grand bouleversement. Cet enfant va grandir et vieillir, à l’inverse de ses créateurs, dans ce drôle d’univers. Considéré comme un petit Dieu, il sera l’objet de toutes les attentions. Peu à peu il va apprendre comment la Terre, car il s’agit bien d’elle, en est arrivée à cette situation maudite. Vénéré comme une sorte de Messie par tous, il va s’imaginer responsable de leur destin ! Mais une fois devenu adulte, est-ce qu’il sera éternel lui aussi ?! quelle sera sa véritable place ? enfin et surtout, qu’y a-t-il au delà de la frontière transparente qui encercle cette cité close ?!
2,50€
La fin du deuxième conflit mondial en 1945, n’a pas signifié la disparition d'autres guerres, moins visibles. Tristement, les motifs de haine qui opposent les adultes sont souvent partagés par les enfants. Pourtant rien ne vaut la paix pour développer de fraternelles rencontres, l'amitié engendre la camaraderie et la confiance. Alors, si sur cette vieille terre du Moyen-Orient, chargée d’Histoire et revendiquée par deux peuples, la concorde peut enfin s'installer entre ceux qui n'en finissent pas de se combattre… les jeunes réapprendront à sourire des deux côtés du mur qui les sépare. Cette bande dessinée atypique est un cri d'espoir mais sans concession, sur le conflit entre Israël et la Palestine, dont les échos résonnent dans le monde entier. Un petit bout de terre vers lequel convergent tous les regards de la planète.
Guitariste dans un groupe de rock, Eddy n’a qu’une obsession: réussir dans la musique, Eldorado qui lui permettra d’en finir avec les petits boulots alimentaires et les plans galère. Répètes, concerts, travail, défonce, rendez-vous amoureux et réflexion sur l’avenir, tout un monde parfois hostile dans lequel il va devoir trouver sa place… L’angoisse…
Entre sexe, drogue et rock’n’roll, un livre comme le manifeste d’une jeunesse en quête d’absolu.
"Le Maillot rouge" est un troublant récit d'initiation amoureuse.
Sur la plage, Marianne rencontre un jeune homme. De cet événement commun va naître une relation passionnée, avec ses joies et ses douleurs. Sans fausse pudeur, l'auteur raconte sa découverte des sentiments, du désir, du plaisir, du doute et de la vie. Variation sur le thème de l'amour, "Le Maillot rouge" a le caractère universel des histoires vraies : on se reconnaît dans les rencontres, les hésitations, les bonheurs et les tristesses de l'héroïne que l'on a tous vécus.
0,99€
Otylia, une jeune cane pleine de charme vient de se lancer dans la carrière de mannequin. A elle les podiums et les photographes mais le monde de la mode est rempli de canards de toutes espèces…