Ferme 54 rassemble trois histoires partiellement autobiographiques, abordant des périodes marquantes de la vie d’une jeune femme élevée dans une zone rurale d’Israël, au cours des années 70 et 80. L’enfance, à travers un drame familial, puis l’adolescence au moment de la première guerre du Liban et finalement l’entrée dans l’âge adulte avec le service militaire dans les territoires occupés. Ces histoires décrivent magistralement la dimension souterraine dérangeante de l’adolescence, les traumatismes et les profonds bouleversements qui se dissimulent sous la superficielle tranquillité d’une jeunesse à la campagne. Bien que cette enfance israélienne se déroule dans l’ombre de la guerre et de l’occupation, elle reflète des sentiments, des passions et des expériences universelles.
Markéta Hajská, anthropologue, et Máša Bořkovcová, ethnologue - spécialistes de la question Rom - ont rencontré Ferko, Keva et Albína lors d’une enquête sur les Roms de République tchèque et de Slovaquie. Elles ont décidé de raconter leurs histoires. Parce qu’« il faut commencer à parler des Roms en tant qu’individus et pas seulement en tant qu’ethnie ». Le dessinateur Vojtech Masek a mis ces récits en images, en travaillant d’après les photos, films et témoignages audios enregistrés au cours de ces rencontres. Le personnage principal du premier récit, Ferko, est un sexagénaire fauché qui se prétend issu de la famille tzigane la plus riche de Slovaquie. Keva, une jeune Rom Praguoise de vingt ans aux prises avec les discriminations, est au centre de la deuxième partie. La dernière histoire est celle d’Albína, 40 ans, femme battue et mère de sept enfants, qui finit par s’enfuir avec son amant tchèque. « Ce n’est pas une histoire politiquement correcte, précise le quotidien Lidové Noviny. Les auteurs ne censurent pas les aspects les plus sombres, comme la violence et la drogue. » En mettant en scène ces vies bancales, « la trilogie fait prendre conscience de l’ampleur de la dette de la société tchèque envers les Roms », estime le magazine Respekt. O Pribjehi – Histoires est un triple récit édifiant, une étude en profondeur du quotidien des Roms en Slovaquie et en République tchèque, deux pays à forte population Rom. Titre original : O PRIBJEHI
Traduit du tchèque par Milena Fucikova
Au delà de l’affaire des frégates, Taïwan nous évoque en général peu de chose au regard de la complexité de son histoire et de sa culture.
Li-Chin Lin, née en 1973 dans la campagne taïwanaise, et qui vit en France depuis dix ans, nous raconte son histoire. Elle aborde avec franchise et beaucoup de recul son enfance, tiraillée entre la culture de sa famille (ses grands parents parlent le japonais, souvenir des colonisateurs et langue honnie par le régime), ses envies (l’attrait du manga), et la doxa officielle.
Elle montre comment le régime dictatorial du Kuomintang qui dirige l’île d’une main de fer quasiment sans interruption depuis l’arrivé de Chiang Kaï-Chek, pratique un endoctrinent quotidien de la population taiwanaise en générale et des enfants en particulier...
Confrontée dès son plus jeune âge aux contradictions du régime, Li-Chin Lin appartient à la génération marquée par le soulèvement de Tian’anmen, qui sera amenée à remettre en question le culte de la personnalité de CKC et le parti unique.
Son regard toujours révolté sur la corruption et les ambiguïtés qui gangrènent la société taïwanaise se combine avec un dessin influencé par les codes du manga, et une imagination graphique débridée.
En janvier 2012 se sont tenues les élections présidentielles et législatives à Taïwan. Le Président sortant et candidat du Kuomintang, Ma Ying-Jeou, a été réélu avec 51% des voix.
A l’été 1984, deux jeunes punks autrichiennes de dix-sept ans, Ulli et Edi décident sur un coup de tête de partir passer quelques semaines en Italie, sans papiers d’identité, avec pour seul bagage leurs sacs de couchage et les vêtements qu’elles ont sur le dos. Leur voyage durera deux mois, et les mènera de Vienne à Vérone, en passant par Rome et Naples pour terminer en Sicile...
Trop n’est pas assez est le récit autobiographique de cette aventure, à travers les quelques bonnes rencontres et les très nombreuses galères de Ulli et Edi. Après un départ presque bucolique à travers les Alpes, leur parcours se transforme progressivement en cauchemar : les deux femmes sont confrontées à une constante violence sexuelle, des macs italiens jusqu’aux mafiosi siciliens. Elles continueront leur voyage jusqu’au bout, envers et contre tout.
Ulli Lust raconte ce trip initiatique sur le mode de la tragi-comédie, sans aucune complaisance, avec beaucoup de retenue et une bonne dose d’humour. Publié en octobre 2009 en Allemagne, Trop n’est pas assez a connu un énorme succès critique depuis sa parution.
Médecin de campagne coincé à Kajaani, une petite ville reculée de la Finlande du 19e siècle, Elias Lönnrot a l’impression d’être enfermé dans une prison. Sa famille démunie le harcèle et l’ivrognerie des notables locaux lui est devenue insupportable. Il est endetté, stressé, et de plus, impliqué dans une vague liaison avec une paysanne mariée. Leur relation dévoilée au grand jour, il panique et envisage de s’enfuir en Russie.
Pour créer le héros de son roman graphique, Ville Ranta s’est inspiré d’une personnalité historique finlandaise, Elias Lönnrot (1802-1886) qui fut médecin de campagne, poète, et auteur du recueil des poèmes chantés qui constituent Le Kalevala, l’épopée nationale finlandaise. Le héros du présent ouvrage porte son nom, mais cette histoire est presque entièrement imaginée. L’exilé du Kalevala est un récit sur le besoin obsessionnel d’être un honnête homme, les questionnements et la tendance inconsciente de Lönnrot à gâcher sa propre vie.
Titre original : Kajaani (Asema, 2008)
Traduction de Kirsi Kinnunen
Sélection Officielle Angoulême 2011
Enfin publiée en France, la série des Alec est l’une des références du roman graphique anglo-saxon. Dans cette série autobiographique, Eddie Campbell se met en scène sous les traits de Alec MacGarry et relate sa lente maturation vers le métier d’auteur de bandes dessinées. Après l’édition de La Bande du King Canute,de Graffiti Kitchen et de Comment devenir Artiste, les éditions çà et là clôturent la publication de cette série pionnière.
Dans ce quatrième et dernier volume, L’affaire du trompinoptère, Eddie Campbell, qui approche de la cinquantaine, est confronté à de nouveaux soucis : comment acheter une maison, gérer une maison d’édition, ou encore s’occuper d’une famille. A travers une série d’histoires courtes, Campbell se dépeint avec beaucoup d’ironie et de distance en auteur, fils, père, mari, dessinateur de tribunal, ou encore insomniaque confronté à ses démons (personnifiés par une créature à l’appendice nasal proéminent).
L’ensemble de ces réflexions très personnelles forme un tout cohérent, les méditations d’un artiste qui trouve autant d’intérêt à cogiter sur la raison d’être d’un bout d’herbe dans le postérieur de son chat que sur les répercussions de la gloire hollywoodienne sur ses finances et sa vie de famille.
Titre original : After the Snooter
Traduction de Jean-Paul Jennequin Lettrage de Hélène Duhamel
Le cauchemar de Mana Neyestani commence en 2006, le jour où il dessine une conversation entre un enfant et un cafard dans le supplément pour enfants d’un hebdomadaire iranien.
Le problème est que le cafard dessiné par Mana utilise un mot azéri. Les azéris, un peuple d’origine turc vivant au nord de l’Iran, sont depuis longtemps opprimés par le régime central. Pour certains, le dessin de Mana est la goutte d’eau qui fait déborder le vase et un excellent prétexte pour déclencher une émeute. Le régime de Téhéran a besoin d’un bouc émissaire, ce sera Mana. Lui et l’éditeur du magazine sont emmenés dans la Prison 209, une section non-officielle de la prison d’Evin, véritable prison dans la prison sous l’administration de la VEVAK, le Ministère des Renseignements et de la Sécurité Nationale. Ce n’est pas un endroit très agréable..
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Alors que le deux hommes subissent des semaines d’isolement et d’interrogatoires, les azéris organisent de nombreuses manifestations anti-gouvernementales. Les autorités font tirer sur les manifestants, faisant de nombreuses victimes. Pour les autorités, tout est de la faute de Mana.
Au bout de deux mois de détention, Mana obtient enfin un droit de sortie temporaire. Il décide alors de s’enfuir avec sa femme. Après un long périple qui les fera passer par les Émirats Arabes Unis, La Turquie et la Chine, ils parviendront à atteindre la Malaisie pour s’y installer avant de rejoindre Paris en 2010.
Bouleversant, Une Métamorphose iranienne est une plongée en apnée dans le système totalitaire kafkaïen mis en place par le régime iranien.
Traduction de Fanny Soubiran
La série des Alec a été réalisée entre 1981 et 2002. Elle retrace de manière presque entièrement autobiographique la vie de son auteur, Eddie Campbell, qui apparaît dans les trois premiers volumes de la série sous le nom de Alec MacGarry. Après l’édition de La Bande du King Canute puis de Graffiti Kitchen en 2007, de Comment devenir artiste en 2008 et de L’affaire du Trompinoptère début 2011, les éditions çà et là publient maintenant l’intégrale de la série.
Brillamment observées et exprimées avec finesse, les histoires d’Alec sont une version de la propre vie d’Eddie Campbell, à travers le filtre de son alter ego Alec MacGarry.
Depuis de nombreuses années, nous assistons à la progression d’Alec (et d’Eddie) « de la bière au vin » - les folles nuits au pub, le désespoir existentiel, la chasse à l’amour, la quête de l’art, la métamorphose en chef de famille responsable et bien plus encore !
Les fantasmes bizarres d’Eddie et ses astuces métafictionnelles transforment la vie en art.
La capacité hors-norme de l’auteur à la distanciation et son sens affuté de l’auto-dérision font du moindre événement une opportunité de faire de l’esprit.
Alec est tout simplement un chef-d’œuvre de l’autobiographie visuelle et fait partie du patrimoine mondial de la bande dessinée.
Titre original : Alec - The years have pants
Traduction de Jean-Paul Jennequin Lettrage de Hélène Duhamel
7 miles a second, roman graphique autobiographique, a été publié en 1996 aux États-Unis, soit quatre ans après la mort de David Wojnarowicz.
Il s’agit de l’unique incursion du célèbre artiste et écrivain contemporain David Wojnarowicz dans la bande dessinée. Le projet, né en 1988, est le fruit de la collaboration entre trois amis, James Romberger, dessinateur, Marguerite Van Cook, coloriste, et David Wojnarowicz.
Le livre n’étant pas terminé au moment de la mort de ce dernier en 1992, James et Marguerite ont achevé l’ultime chapitre en 1994.
Découpé en trois parties, 7 Miles a second retrace la vie picaresque et quasi mythologique de David Wojnarowicz, l’existence hors du commun de l’artiste et de l’écrivain virtuoses, mise en scène et magnifiée dans ses ouvrages, se prêtant naturellement à une riche interprétation graphique.
7 miles a second retrace son parcours depuis la fin de l’enfance, marquée par ses errances de jeune garçon livré à la prostitution occasionnelle dans un New York sauvage, jusqu’à sa lutte tragique contre le sida.
Les deux premières parties, « Soif » et « Chiens errants » illustrent cette enfance v(i)olée, recomposant le tableau de cette déshérence en nous donnant à voir des anecdotes parfois déjà lues, autrement relatées, dans Au bord du gouffre. La troisième et dernière partie est consacrée à la fin de sa vie, à sa lutte personnelle, politique, et tragique contre le sida.
La fulgurance des visions wojnarowicziennes, son imagination débridée, sont remarquablement traduites en images.
Ce roman graphique nous offre une nouvelle façon de parcourir l’œuvre de Wojnarowicz et d’être les témoins émus de la vie d’un homme et d’un artiste extraordinaires.
Le texte, d’une beauté bouleversante, d’une poésie déchirante, frappe également par son énergie galvanisante, servie par les illustrations précises et surréalistes de Romberger, rehaussées des couleurs psychédéliques de Marguerite van Cook, qui véhiculent magnifiquement la radicalité d’une poésie singulière et jusqu’au-boutiste.
Titre original : Seven Miles a Second
En co-édition avec les Éditions Laurence Viallet
Traduit de l’américain par Laurence Viallet
Couleurs : Marguerite Van Cook
Le père de Pietro Scarnera a passé cinq ans dans un état végétatif, de 2003 à 2008. Ces longues années deviennent, avec Journal d’un Adieu, un témoignage détaillé sur les conditions de vie de ces patients.
Les couloirs et les chambres d’hôpital, les objets et les règles de vie d’une clinique, la présence sibylline des docteurs, servent de toile de fond à la tentative du fils de recréer une relation avec le père, devenu une personne différente et méconnaissable.
Un temps suspendu, au cours duquel se livre une bataille silencieuse pour sauver, du moins dans la mémoire de l’auteur, l’image de ce père tel qu’il était autrefois.
Sobre et aussi rationnel que possible Pietro Scarnera évite de traiter cette situation de façon dramatique, et son style dépouillé convient à merveille à cet état d’esprit.
Outre qu’il aborde un moment délicat dans la vie de l’auteur, Le Journal d’un Adieu touche des questions d’actualité, et nous fait réfléchir à la difficulté de vivre dans un tel état de solitude.
Titre original : Diario di un Addio
Traduction de Malysone Bovorasny
Que se passe-t-il quand soudain la gravité de la vie nous rattrape, sans nous laisser le moyen de se cacher ? Quand peu à peu la réalité, que nous craignons tant, finit par écraser nos rêves, ne nous laissant qu’un vague souvenir ?
Nous nous retrouvons pris dans le cours des événements sans pouvoir avancer ni reculer, et finissons par ne plus distinguer ce qui est réel de ce qui ne l’est pas.
Avec un sens aigu du non-dit Aisha Franz dessine la vie quotidienne d’une mère célibataire et de ses deux filles dans une petite ville allemande. La cadette fait la rencontre d’une créature extra terrestre peut-être imaginaire.
Au même moment, la fille aînée vit ses premières expériences sexuelles avec un garçon sensiblement plus âgée qu’elle, et leur mère dépressive revit en boucle toutes les occasions manquées de sa vie.
La petite réagit à un sentiment croissant de solitude et d’isolement, en accueillant en secret dans sa chambre cette étrange et silencieuse créature transparente qui va l’accompagner au cours de ses premiers émois.
Premier roman graphique d’une jeune auteur allemande de 27 ans, Petite terrienne est une révélation. Aisha Franz fait avec brio la description du monde des jeunes filles en fleurs dans un ambiance étrange où le malaise s’insinue progressivement.
Titre original : Alien
Traduction de Jörg Stickan, lettrage de Hélène Duhamel
4,00€
Karlien de Villiers est née au Cap en 1975. Après l’obtention d’un diplôme en design graphique à l’Université de Stellenbosch, elle publie ses premières histoires courtes dans le magazine BitterComix édité par son ancien professeur Anton Kannemeyer, alias Joe Dog. Au cours d’un séminaire à Johannesburg, elle rencontre l’illustratrice suisse Anna Sommer qui la présente aux éditions Arrache Cœur. Meine Mutter war eine schöne Frau ( Ma mère était une très belle femme ), son premier roman graphique, est paru en 2006 chez cet éditeur. Karlien de Villiers vit aujourd’hui dans la région du Cap. Elle enseigne le dessin dans la section des Beaux Arts de l’Université de Stellenboch. Interview de Karlien de Villiers : http://www.caetla.fr/spip.php?article32
Dessous décrit va vie tumultueuse de deux sœurs issues de la communauté juive dans le Lower East Side de New York du début du 20ème siècle.
Esther et Fanya sont deux sœurs jumelles, nées vers 1902 dans ce quartier presque exclusivement composé d’immigrants en provenance d’Europe de l’Est et fraîchement débarqués aux États-Unis. Leur mère tient un atelier de confection et trompe allègrement son mari, un homme effacé. Les deux sœurs s’éloignent du giron familial dès l’adolescence, Fanya commence à travailler pour une avorteuse qui fera son éducation scolaire et politique. Esther fascinée par des danseuses d’un théâtre burlesque local y prend des cours de danse tout en travaillant comme bonne à tout faire dans la maison close attenante.
Les chemins des deux sœurs pourtant très liées l’une à l’autre vont progressivement diverger, Esther devient rapidement à la fois danseuse et prostituée, sous le nom de Delilah, connaît un grand succès auprès de la gente masculine fortunée et devient une actrice célèbre. Fanya va prendre la relève de l’avorteuse, et s’enfoncer dans la précarité, refusant de se marier avec son ami d’enfance, Sal.
Avec Dessous, Leela Corman décrit les difficultés de cette population immigrante de 1909 à la veille de la grande dépression, mais surtout brosse le magnifique portrait de deux femmes libres.
Titre original : Unterzakhn
Traduction de Jean-Paul Jennequin
Lettrage de Hélène Duhamel
Trois femmes sont unies par une passion dévorante pour le boys-band 110%. Membres du FUPA110 (Fans Un Peu Agées de 110%), Sasha, Cathy, et Gerty échappent ainsi à leur quotidien un peu morose : les maris taciturnes, les enfants geignards et les collègues de travail sadiques. Complètement monomaniaques, elles sont prêtes à tout pour obtenir des photos inédites ou des fringues usagées de leurs idoles…Et elles n’hésitent pas à se battre avec des préados pour obtenir les meilleures places aux concerts du groupe. Le ton est humoristique mais Tony Consiglio laisse rapidement poindre le côté assez pathétique de la vie de femmes un peu larguées. Il dresse le portait férocement drôle de cette Amérique obsédée par le culte des pseudo-célébrités… Un phénomène qui a malheureusement traversé l’Atlantique.
Après quelques 40 années de vie commune, Maggie et David Loony choquent leurs trois enfants en leur annonçant qu’ils se préparent à divorcer. Leur explication est des plus simples : « nous ne nous aimons plus ». Cette annonce lance une réunion de famille de 6 jours dans la maison proche de la mer (et peut-être hantée) de Maggie et David.
Le fils aîné, Dennis qui n’accepte pas la décision de ses parents est également confronté à ses propres problèmes de couple. Claire, la cadette, élève seule sa fille de 16 ans et semble ne pas réagir au divorce. Enfin, Peter, le benjamin de la famille, un aspirant réalisateur paralysé par ses angoisses, se lance dans une aventure romantique avec une mystérieuse monitrice de colonie de vacance.
Sélection Officielle du Festival d’Angoulême 2009
Prix Millepages, meilleur comics 2008
Après Troupe 142 - le roman graphique de Mike Dawson sur des scouts en furie - l’auteur met de côté l’enfance et déplace cette fois son récit dans la grande ville et s’attarde sur le monde des jeunes adultes américains.
Dans Angie Bongiolatti, nous suivons un groupe de jeunes New-yorkais naviguant sur des pentes glissantes entre le travail, l’amitié, le sexe et la politique au tout début du XXIe siècle.
Angie travaille dans une start-up où elle est productrice de programmes pédagogiques multimédias. Militante politique très engagée, elle est également l’objet de toutes les attentions de la part des hommes de son entourage, Matt, Malcom, Steve et Amol. Elle va devenir le fil conducteur des histoires de ces jeunes adultes, tout juste sortis de l’adolescence.
Avec Angie Bongiolatti, Mike Dawson démontre une fois encore sa capacité à créer une multitude de personnages aux caractères finement décrits. Son nouveau livre explore avec honnêteté les motivations de l’engagement politique et dit à quel point cet acte peut être intime. Dans un monde rempli de gens qui luttent pour être meilleurs en dépit de leur inconfortable humanité, Dawson nous tend un miroir plein de douceur et de clémence.
Titre original : Angie Bongiolatti (Etats-Unis)
Traduit de l’anglais par Philippe Touboul
Newark, New Jersey, 1961.
Eddie et Bento sont deux garçons en jean et blouson noir issus du quartier ouvrier de Ironbound. Le premier est un taiseux à la tête froide que l’on devine loyal et consciencieux, le second, un jeune chien fou braillard et arrogant qui a tendance à penser avec ses poings et son cran d’arrêt.
Les deux sont de petites frappes qui, pour avoir un peu trop joué aux durs entre menus trafics et bagarres avec les gangs voisins, ont fini par frayer avec de vrais gangsters et mettre un pied dans la criminalité. Suite à un dérapage, ils sont recherchés par Dunham, un mystérieux policier…
Après avoir recréé le New York d’un début de XXe siècle fantasmé dans Chasseurs de Ptérodactyles, Brendan Leach confirme son goût pour les univers rétros avec Iron Bound, un polar élégamment sixties et rock’n’roll.
Au pied des building de Newark ou sur le front de mer d’Asbury Park, au bowling, au cinéma, dans les box des diners ou dans de belles voitures chromées, on y croise des voyous, des criminels et des flics corrompus, de gentilles filles amourachées de mauvais garçons et des bad girls hostiles à ces rivales possibles.
Au fil d’une intrigue tendue et elliptique empruntant au roman noir, somptueux décors, visages et dégaines prennent forme et vie sous le trait nerveux et tremblé de Brendan Leach, qui joue avec les codes de l’époque d’Elvis pour nous livrer au final un roman graphique diablement original.
Deux morceaux de rock’n’roll ont été composés spécifiquement pour Iron Bound : http://iknowashortcut.com/ironbound...
Titre original : Iron Bound (États-Unis)
Traduit de l’anglais par Hélène Duhamel
Derf Backderf a passé son enfance à Richfield, petite ville de l’Ohio située non loin de Cleveland. En 1972, il entre au collège, où il fait la connaissance de Jeffrey Dahmer, un enfant solitaire au comportement un peu étrange. Les deux ados se lient d’amitié et font leur scolarité ensemble jusqu’à la fin du lycée.
Jeffrey Dahmer deviendra par la suite l’un des pires serial killers de l’histoire des États-Unis. Son premier crime a lieu à l’été 1978, tout juste deux mois après la fin de leur année de terminale. Il sera suivi d’une série de seize meurtres commis entre 1987 et 1991. Arrêté en 1991, puis condamné à 957 ans de prison, Dahmer finira assassiné dans sa cellule en 1994.
Mon Ami Dahmer est donc l’histoire de la jeunesse de ce tueur, à travers les yeux de l’un de ses camarades de classe. Précis et très documenté, le récit de Derf Backderf (journaliste de formation) décrit la personnalité décalée de Dahmer qui amuse les autres ados de cette banlieue déshumanisée typique de l’Amérique des années 1970.
Dahmer enfant vit dans un monde à part, ses parent le délaissent, il est submergé par des pulsions morbides, fasciné par les animaux morts et mortifié par son attirance pour les hommes.
Personnage fascinant, voire attachant car presque victime de son environnement, Dahmer vit une implacable descente aux enfers vers une folie irréversible.
Titre original : My Friend Dahmer
Traduction de Fanny Soubiran
Mon ami Dahmer fait partie de la Sélection Officielle d'Angoulême 2014.
Née en 1880 dans l’Alabama, la petite Helen Keller devient aveugle et sourde à l’âge de dix-neuf mois, probablement des suites d’une méningite. Elle devient alors incapable de communiquer avec son entourage, si ce n’est avec quelques gestes maladroits. Sa vie va être bouleversée à l’âge de six ans quand ses parents engagent Annie Sullivan comme gouvernante. Annie Sullivan, alors âgée de 20 ans, vient de finir ses études à l’Institut pour aveugles Perkins. Elle-même mal voyante, elle a appris à enseigner la langue des signes dans cette institution précurseur. Elle va prendre en charge l’éducation de Helen Keller, et au fil des mois elle va réussir non seulement à établir un contact avec l’enfant, mais à lui apprendre le langage des signes, puis l’écriture. Les deux femmes resteront amie à vie.
Helen Keller deviendra une figure de la société américaine, écrivain féministe, elle mènera également un combat politique, sera membre du parti socialiste américain et créera une fondation. Complémentaire des livres ou films existant à propos d’Helen Keller, cette bande dessinée est centrée sur l’histoire de cette extraordinaire rencontre et sur les nombreux obstacles contre lesquels va buter Annie Sullivan dans une famille très conservatrice du Sud des États-Unis. Une incroyable leçon d’humanité, magnifiquement dessinée par Joseph Lambert.
Titre original : Annie Sullivan and the trials of Helen Keller (États-Unis)
Traduit de l’anglais par Sidonie van Den Dries
Mon ami Dahmer fait partie de la Sélection Officielle d'Angoulême 2014.
L’ Enfant Inattendue est le portrait croisé d’une mère et de sa fille dans l’Angleterre de la deuxième moitié du XXème siècle en cinq tableaux retraçant des moments forts de leur vie, de la seconde guerre mondiale à 1968.
Années 1940, Portsmouth, ville du sud de l’Angleterre.
Hetty Martin adopte une petite fille alors que son mari est au front. A la fin du conflit, Hetty apprend que son mari est mort au combat. Elle va convaincre les autorités qu’elle peut s’occuper de la petite June alors qu’elle est veuve et sans revenus.
Dix ans plus tard, Hetty donne naissance à Marguerite suite à une liaison cachée avec un homme marié. Cette situation est très mal acceptée dans un pays encore très conservateur. Hetty doit aller plaider sa cause au tribunal qui veut lui retirer la garde de la petite.
Marguerite, élevée en ville, découvre la compagne anglaise à travers des séjours chez des amis de la famille et se passionne pour la faune et la flore.
A l’approche de l’adolescence, elle séjourne en Normandie chez une amie française, les deux filles s’intéressent de près à la gent masculine...
Ce récit autobiographique de Marguerite van Cook, magnifiquement mis en images par James Romberger, raconte l’histoire d’une enfant non désirée, mais aimée, dans une société réactionnaire, voire prédatrice envers les femmes, mais c’est également un hymne à la nature et à la sensualité.
Titre original : The Late Child
Traduction de Emilie et Barbara Lehin